18 décembre 2023
Le projet MEDISAFE a été initié en 2018 par l’Union européenne, via l’Initiative des Centres d’Excellence NRBC, en réponse à une demande locale. Son déploiement dans les 11 pays partenaires s’est ainsi largement appuyé sur la coopération des Points focaux nationaux de l’Initiative des Centres d’Excellence NRBC. À l’occasion de la clôture de MEDISAFE, il était donc essentiel d’avoir leur regard sur la mise en œuvre du projet. C’est le Dr Odette Kabena Ngandu, Point focal national de la République démocratique du Congo (RDC) depuis 2021, qui s’est prêtée à l’exercice. Docteur en Sciences Biologiques de l’Université de Kinshasa, professeure d’université et microbiologiste, elle revient dans cette interview sur les réussites et les perspectives du projet.
Quel est votre rôle en tant que Point focal national pour le projet MEDISAFE ?
Dr Odette Kabena Ngandu : En ma qualité de Point focal national du projet MEDISAFE, je suis responsable à l’échelle nationale de la coordination et du suivi des activités mises en œuvre en RDC dans le cadre du projet. Dans un premier temps, des experts juridiques et pharmaceutiques nationaux ont été recrutés pour contribuer au projet. Je les ai ensuite accompagnés dans leurs activités en rapport avec les différentes réunions techniques organisées par MEDISAFE, mais aussi dans la production de rapports de missions, et en assurant la liaison entre eux et les autorités gouvernementales. Je suis également le point de contact entre le projet MEDISAFE et les autorités politico-administratives congolaises.
Le projet MEDISAFE arrive à son terme, quels sont les réussites que vous retenez ?
O.K.N.: Je retiens deux réussites principales. La première est l’organisation des formations techniques de renforcement des capacités des experts nationaux, des Points focaux nationaux et des autres acteurs nationaux impliqués dans la lutte contre les produits médicaux de qualité inférieure et falsifiés (PMQIF). La seconde est la production, en collaboration avec les experts juridiques et pharmaceutiques, de documents stratégiques tels que le manuel de référence sur la législation relative aux PMQIF, le guide de la sécurisation de la chaîne nationale d’approvisionnement pharmaceutique, et les plans d’action nationaux. Désormais, le défi à relever à l’échelle nationale est de parvenir à s’approprier les acquis du projet, notamment en convainquant les autorités politico-administratives de la pertinence et de l’importance capitale du manuel de référence MEDISAFE pour faciliter l’amélioration de notre législation.
Vous avez participé à des ateliers de sensibilisation de la société civile aux dangers des produits médicaux de qualité inférieure et falsifiés. Qu’en avez-vous pensé ?
O.K.N.: Je trouve que la sensibilisation est un excellent moyen d’améliorer la prévention et la riposte aux PMQIF, dans l’objectif de renforcer la sécurité et la santé publiques. Je pense tout de même qu’il aurait fallu multiplier ces ateliers de sensibilisation et les organiser dans plusieurs localités des pays partenaires. Il aurait également été intéressant de préparer différents supports et outils de communication à distribuer aux ONG pour faciliter la restitution dans leurs milieux respectifs. Un autre moyen de lutte contre les PMQIF est la répression, du fait de la dimension pénale de la production et du trafic.
Dans le cadre du projet, les représentants de la RDC ont émis le souhait de sensibiliser leur gouvernement à la question de l’adhésion du pays à la Convention MEDICRIME, donnant lieu à un séminaire technique dédié organisé à Kinshasa en novembre 2022. Depuis, quels retours avez-vous obtenus et quelles sont les perspectives ?
O.K.N.: La Convention MEDICRIME demeure un instrument juridique international contraignant. Depuis le séminaire, nous avons fourni tous les éléments nécessaires aux principaux acteurs de la RDC. Désormais, nous attendons la position officielle du gouvernement dès que possible.
De façon générale, comment favoriser à l’échelle nationale la pérennité des actions menées ?
O.K.N.: Pour favoriser la pérennité des actions menées, il faut d’abord renforcer la sensibilisation aux risques liés aux PMQIF au sein de la société civile. Il est également indispensable de renforcer le cadre légal afin de pénaliser la production et le trafic de PMQIF. Une troisième action à développer est d’évaluer périodiquement l’architecture nationale de ce fléau sur le terrain.